Portfolio pédagogique Semantis

Lors du festival de clôture Semantis à Wroclaw, un portfolio pédagogique a été présenté et distribué aux différents partenaires. Cet ouvrage, réalisé par l’ensemble des professeurs, coordinateurs et autres acteurs du projet et dont la réalisation graphique revient au Monde des Possibles, proposent les contenus suivants:

  • Des schémas de leçon pour professeurs et éducateurs.
  • Des scénarios pédagogiques sur la plateforme Moodle-internet.
  • Des témoignages vécus des jeunes et professeurs du projet Semantis.
  • Des idées d’animation et expériences pour la créativité numérique.
  • Une initiation esthétique et culturelle, à la découverte des jeunes des pays partenaires.

Le portfolio pédagogique Semantis est un manuel d’échanges de pratiques sur l’apprentissage du français en contexte interculturel et sur l’éducation à une citoyenneté via les nouvelles technologies.  Il se veut une boite à outils et un espace de discussions sur les questions de pédagogie de la langue et sur l’identité interculturelle des nouvelles générations.

En plus de représenter un témoignage unique d’une expérience partagée d’enseignant-e-s qui témoignent de leurs expériences didactiques et proposent des chemins inédits pour élaborer une nouvelle pédagogie du français, ce portfolio se veut innovant lui aussi en matière de nouvelles technologies et de la pratique de l’internet : l’application pour smartphone Aurasma (téléchargeable gratuitement) permet de faire interagir des contenus virtuels lorsque l’utilisateur scanne certains éléments graphiques présents dans l’ouvrage. Plus d’informations par ici.

couverture-final

Semantis : de la pédagogie à la réalité augmentée

Le projet Semantis s’est voulu innovant en matière d’enseignement et de l’utilisation des nouvelles technologies. Si un travail de terrain a été mené par les professeurs pour concevoir des mises en œuvres pédagogiques croisant l’apprentissage de la langue française, les créations numériques et l’interculturalité, le développement d’un volet spécifiquement consacré à l’e-learning et, plus précisément, à la plus-value dont on pouvait retirer d’une telle expérience, a lui aussi vu le jour.

Après une phase de recherches ciblant le domaine des applications spécialement destinées aux smartphones, c’est le développeur Aurasma qui a retenu notre attention. Partant du concept de « réalité augmentée » qui consiste à insérer des éléments virtuels à des images réelles, l’application Aurasma permet, à l’aide de l’appareil photo du téléphone, de générer l’apparition de contenus programmés à l’avance et interagissant avec les captations en temps réel. Intuitive et amusante, la réalité augmentée nous semble être un moyen idéal pour pallier les manques soulevés par l’utilisation de Moodle tout en générant la motivation nécessaire à son utilisation. Néanmoins, il est important de préciser qu’Aurasma reste une application exclusivement commerciale dont les contenus hébergés sont directement placés sous la propriété intellectuelle de la société. Nous ne retiendrons ici que ses aspects innovants et en accord avec la philosophie de Semantis. Le développement d’une version communautaire basée sur le partage de données libres de droits (Open source ou autre) est une piste à envisager pour l’avenir du projet.

Scannez un livre et obtenez la bibliographie de son auteur, photographiez la façade d’un bâtiment et découvrez l’architecte qui l’a conçu, etc. : tant d’exemples sur les possibilités qu’offre la réalité augmentée et qui pourront être exploités à travers les différents apprentissages de la langue française. Bien entendu, il s’agit ici d’une piste parmi une multitude d’autres possibilités : loin de Semantis l’idée de considérer les dispositifs technologiques comme facteurs motivationnels exclusifs. Ceux-ci doivent être incorporés à travers des apprentissages variés, sollicitant les multiples formes d’intelligence de l’élève et garantissant un suivi pédagogique à la fois distanciel et présentiel. En d’autres mots et comme déjà évoqué ci-avant, l’e-learning n’est pas une discipline en soi, mais plutôt un outil à intégrer dans une diversification des approches didactiques dont la motivation et le plaisir d’apprendre doivent rester prioritaires dans leur conception.

Si la motivation de l’élève reste un élément capital, elle dépend surtout de celle du professeur, d’autant plus lorsque cela concerne des mises en œuvres faisant appel à des compétences technologiques: la perception de leur intérêt au sein des apprentissages, leur capacité à les intégrer comme pratiques nouvelles, la remise en question que cela peut représenter, etc. sont autant de raisons tout à fait légitimes qui pourraient enfermer l’e-learning et ses applications connexes dans le registre des irréalisables. Le projet Semantis, au bout de deux ans, a humblement suivi cette voie en initiant cette nouvelle démarche ainsi qu’en éveillant un intérêt spécifique auprès de ses participants pour les NTIC et la diversité culturelle. Cette riche expérience nous a démontré après coup que toute collaboration pédagogique intégrant de telles innovations doit impérativement faire l’objet d’une évaluation en amont afin de s’assurer que les perspectives envisagées trouvent un terrain fertile à leur déploiement.

Pour amorcer cette nouvelle forme d’articulation entre pédagogie et nouvelles technologies, nous vous proposons d’installer gratuitement sur votre smartphone l’application Aurasma et de vous connecter au compte du « Monde des Possibles ». Utilisez le capteur de la caméra pour faire apparaître sur votre écran les drapeaux des différents pays présentés dans le chapitre « Fiches pédagogiques » du portfolio pédagogique développé par l’équipe Semantis et découvrez ensuite les créations numériques des élèves issus des pays concernés.

Imaginez ensuite l’infinité des possibilités que contient ce genre d’application, directement intégrable dans toute mise en œuvre didactique innovante.

Festival de clôture Semantis à Wrocław!

Ces 3, 4 et 5 octobre, l’équipe Semantis s’était donné rendez-vous dans la ville Wrocław en Pologne afin de clôturer le projet sous la forme d’un grand festival interculturel. Au programme: projections des créations numériques des écoles partenaires, présentation du portfolio pédagogique, échanges avec les écoles de la ville, évaluation et perspectives d’avenir.

Les photos et l’affiche officielle se trouvent ci-dessous.

affiche-Wroclaw

La diversité culturelle à l’ère du numérique

Paris — Dans un rapport remis cette semaine à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’ancienne ministre québécoise Louise Beaudoin plaide pour que l’on adapte à l’ère du numérique la Convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO. Cette convention adoptée à l’initiative du Québec, de la France et du Canada il y aura bientôt dix ans et qui affirme le droit des États de protéger leur culture par les lois et des réglementations, a besoin d’être complétée afin de tenir compte des nouveaux modes de diffusion, estime l’ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales du Québec.

« Le temps presse si on ne veut pas que nos cultures nationales disparaissent dans le grand trou noir du numérique,dit-elle. Le numérique a un effet de concentration et de marchandisation brutal sur la culture. »

Pour adapter la Convention, dit Louise Beaudoin, il ne serait pas nécessaire de la rouvrir. Il suffirait d’y ajouter de nouvelles directives opérationnelles indiquant aux États signataires comment agir afin de protéger leurs productions culturelles aujourd’hui diffusées par voie numérique.

De passage à Montréal en septembre dernier, le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, avait dit s’inquiéter de l’avenir de la Convention à l’ère du numérique. On sait que les négociateurs américains qui négocient, par exemple, avec l’Union européenne ont pour mission de ne pas exclure des discussions les biens et services numériques. C’est pourquoi ce rapport a été commandé à Louise Beaudoin. L’ancienne ministre donne l’exemple des quotas de diffusion à la télévision et à la radio qui deviennent obsolètes lorsque les émissions sont diffusées par un site Internet situé au Luxembourg par exemple. Il faut donc déployer des moyens différents afin d’éviter que seule la culture commerciale américaine ait voix au chapitre.

La Francophonie fera la différence

Louise Beaudoin a été heureuse de découvrir que la France partageait la même inquiétude. Les ministères français des Affaires étrangères et de la Culture ont d’ailleurs commandé une étude exhaustive de ces nouveaux moyens de réglementation permettant aux pays de faire respecter la territorialisation des lois. Cela peut impliquer par exemple de taxer les compagnies de téléphone, comme le fait le Brésil, afin d’alimenter les fonds destinés aux productions locales. On pourrait penser, dit Louise Beaudoin, à imposer les entreprises en fonction du « pays récepteur » et non pas du pays émetteur. Une étude réalisée par Pierre Lescure, ancien président-directeur général du Groupe Canal Plus, envisage même des moyens d’influencer les algorithmes de recherche qui favorisent généralement les annonceurs et les sites les plus connus.

« Lorsque l’OIF aura ces études en main, elle aura tout ce qu’il faut pour prendre le leadership », dit Louise Beaudoin. L’ancienne ministre souhaite qu’on puisse compléter la Convention d’ici l’été 2015, alors qu’elle fêtera ses dix ans. Un important colloque se tiendra sur cette question en octobre 2015 à Mons, en Belgique. Les pays signataires de la Convention doivent aussi se réunir à Paris en juin 2015. « Je suis certaine que sans la Francophonie, on n’y arrivera pas, dit Louise Beaudoin. C’est elle qui fera la différence. »

Christian Rioux

Source: http://www.ficdc.org/cdc4562 (2014)

Plus d’infos ici